Encore un label me direz-vous ? Et bien oui, mais celui-ci a un sens particulier car cela s’inclut dans une démarche globale de l’atelier depuis le départ.
Éco-défis ? Pour quoi faire ?
Les éco-défis ont été mis en place par les Chambres des métiers et de l’artisanat et sont l’occasion de sensibiliser les entreprises à leur impact sur l’environnement au travers d’un label décerné aux artisans qui mettent en place des actions concrètes en faveur de l’environnement.
Alors forcément, quand j’en ai entendu parler, ça m’a tenté ! Parce que dans l’atelier cuir, la question de son impact sur l’environnement est intégrée depuis le début.
Et je suis heureux de pouvoir dire que l’atelier a été labellisé sans problème !
Évidemment on voudrait toujours aller plus loin, mais c’est parfois compliqué.
Par exemple la question de la colle est un élément fondamental. Traditionnellement on utilisait des colles d’os, de tendons ou de poisson. Elles étaient préparées en permanence et restaient au chaud sur un coin du poêle (ça devait sentir bon dans les ateliers !). Problème, il n’y a pas de poêle dans l’atelier, et je ne me vois pas utiliser un réchaud à gaz toute la journée, sans compter les problèmes de sécurité que cela représenterait.
D’autre part, ces colles fonctionnent très bien mais ont un défaut : elles ont un temps de séchage assez long. On peut s’organiser pour le gérer mais ce n’est pas toujours évident car on a souvent besoin d’un collage rapide.
Il existe bien les colles sur base aqueuse, mais pour en avoir testé différentes, elles ont toutes les mêmes défauts : conservation et nettoyage. Ce sont des colles qui se conservent mal sur des durées longues, ce qui les rend plus utiles aux industriels qu’aux artisans. Quand au nettoyage, la meilleure solution que j’ai trouvé c’est du diluant synthétique. Pour la protection de l’environnement on repassera…
Je suis donc revenu à la néoprène, la mort dans l’âme, en attendant de trouver une alternative valable.
Pour le reste, le fait de travailler du cuir tannage végétal représente un plus considérable, surtout lorsqu’il est d’origine Européenne, ou mieux, Française. Il faut savoir que, si la transformation du cuir par tannage minéral (ou chrome), est une des plus utilisées au monde, elle figure aussi parmi les industries les plus polluantes de la planète. En Europe, et encore plus en France, les normes environnementales ont tellement évolué depuis les années 2000, que la pollution liée à la fabrication de cuir chrome a énormément baissé. Pour ce qui est de la transformation du cuir tannage végétal, c’est encore mieux puisqu’elle ne génère quasiment aucune pollution. Et si le cuir est issu de troupeau Français on boucle la boucle puisqu’on élimine l’aberration mondialiste des vaches élevées et abattues au Brésil, dont les peaux sont tannées (au chrome évidemment), en Chine et vendues en Europe…
Alors restons locaux, et continuons nos efforts, on ne s’en portera que mieux !